Une impression sur: La nouvelle "Le Horla" de Guy de Maupassant

Le Horla

Guy de Maupassant

C'est certain, il n'est pas seul. Un esprit malfaisant le guette, le possède, le rend fou. Il vit dans la peur... Mais de quoi a t-il peur? 

Le Horla est la nouvelle principale du recueil que j'ai lu. J'ai choisi de ne donner mon avis que sur cette nouvelle ci, car d'éditions en éditions, les autres œuvres qui accompagnent varient, il est donc difficile de constituer un avis général sur un ouvrage en particulier, en sachant que j'ai apprécié des nouvelles comme je n'en ai pas aimé d'autres. Je ne voulais pas que certaines nouvelles moins bien écrites pénalisent ma notation, c'est pourquoi j'ai choisi de mettre le Horla à l'honneur. 

Vous l'avez compris en voyant les étoiles, j'ai adoré ce mini journal d'une trentaine de pages. Je n'ai trouvé aucun défaut. On garde toujours une part de fantastique sans pour autant tomber dans l'abstrait, ce que j'ai trouvé formidable. Ce voyage fantastique-réalité est vraiment réussi. Deuxième point, l'écriture. Très fluide. On se met parfaitement dans la peau du personnage, on est emporté par ses pensées, on partage ses sentiments. On voit bien que la folie le gagne petit à petit... J'ai lu quelques textes où le personnage fou devenait absolument ridicule, mais là non, c'est encore une fois très bien dosé. On est amené à se poser des questions, est ce qu'il rêve, est ce qu'il a raison, comment cela se fait il... 

J'ai beaucoup aimé le dénouement. Cette nouvelle, un vrai régal. Un petit conseil cependant à ceux qui le liront, mieux vaut lire cela d'une traite, sans faire de pause, ou alors une seulement. Ainsi, on est plus dans l'histoire! (Et pour les peureux, à ne pas lire le soir avant de dormir!) 


"Vers dix heures, je monte dans ma chambre. À peine entré, je donne deux tours de clef, et je pousse les verrous ; j’ai peur... de quoi ?... Je ne redoutais rien jusqu’ici... j’ouvre mes armoires, je regarde sous mon lit ; j’écoute... j’écoute... quoi ?... Est-ce étrange qu’un simple malaise, un trouble de la circulation peut-être, l’irritation d’un filet nerveux,un peu de congestion, une toute petite perturbation dans le fonctionnement si imparfait et si délicat de notre machine vivante, puisse faire un mélancolique du plus joyeux des hommes, et un poltron du plus brave ? Puis, je me couche, et j’attends le sommeil comme on attendrait le bourreau. Je l’attends avec l’épouvante de sa venue, et mon cœur bat, et mes
jambes frémissent ; et tout mon corps tressaille dans la chaleur des draps, jusqu’au moment où je tombe tout à coup dans le repos, comme on tomberait pour s’y noyer, dans un gouffre d’eau stagnante."

EXTRAIT DU HORLA